Vous l’avez peut-être vu sur la boutique, depuis quelques mois je vous propose de l’aquarelle médiévale que je fabrique moi-même, à l’atelier. Aujourd’hui, j’avais envie de vous expliquer un petit peu comment je procède, et pourquoi pas, vous aidez à vous lancer à votre tour pour fabriquer vos propres couleurs ! 🙂
Principe de base de la fabrication de l’aquarelle
L’aquarelle est utilisée depuis des centaines d’années en enluminure et en peinture traditionnelle. C’est une peinture qui se dilue à l’eau, simple à mettre en œuvre et aussi simple à fabriquer.
Pour cela il faut deux ingrédients : Un pigment et Un liant.
Le pigment
On peut trouver bon nombre de choses pigmentées. La plus simple étant la terre (qui n’a jamais écrit avec un petit cailloux crayeux sur le sol). On peut également moudre des pierres fines ou semi-précieuses (Daniel Smith propose par exemple toute une gamme d’aquarelle à base de pierres précieuses). On peut aussi faire des décoctions de plantes : on appelle cela de la Laque. (La plus connue peut-être : La laque Garance, un rose soutenu). On peut même écraser rageusement des petites bêtes, coucou les cochenilles !
Bon. C’est bien, mais souvent c’est assez toxique. Et pas spécialement ragoutant. Depuis quelques siècles nous avons donc à notre disposition des gammes de pigments de synthèse, non toxique, et facilement reproductibles. Vous pouvez vous en procurer facilement sur Internet, et même dans vos magasins de matériel d’art.
En ce qui me concerne, j’ai choisi de travailler avec des terres, car j’aime la texture brute que cela donne à mes couleurs. Mais c’est un choix héhé.
Le liant
C’est ce qui va permettre de transformer votre pigment en peinture à proprement parlé. Pour l’aquarelle la formule de base se compose de Gomme d’Acacia et de Miel. Rien de plus, rien de moins. Avec ça, vous pouvez déjà vous amuser.
Il existe surement autant de formules de Liant que de Marchands de Couleurs ! J’ai ma petite formule secrète, élaborée avec le temps. Je sais que les copines n’utilisent pas la même mais leurs aquarelles sont tout aussi formidables ! (Coucou Valentine aka La Palette de la Merlette qui propose de sublimes aquarelles artisanales dans des cupules de glands) A vous de trouver les petits ingrédients qui rendront vos aquarelles uniques. Ou du moins, qui vous donneront entière satisfaction.
Pourquoi aquarelles médiévales ?
J’ai choisi de reprendre une recette traditionnelle, et j’utilise des ingrédients très simple dans mes formules de liant: des œufs, du miel et depuis peu de la gomme de cerisier que je récolte moi-même. Tout est acheté autour de chez moi, dans des petites fermes alsaciennes (sauf la gomme de cerisier qui ne se trouve dans aucun commerce). Les cocottes se dandinent gaiement dans les pommeraies et leurs œufs sont d’excellente qualité ! Plus vous avez des ingrédients fins et plus vos aquarelles seront fines à leur tour.
Le broyage
Première étape à la fabrication, je prends le temps de moudre mes pigments au mortier afin d’obtenir une poudre fine. Cela va assez vite car j’achète de la terre déjà moulue, mais ça accélère l’étape suivante.
Je place ensuite mon pigment sur mon porphyre*, j’y ajoute quelques gouttes de liants et c’est parti pour parfois une heure de broyage à la molette. C’est long mais c’est un moment que je trouve reposant, un peu comme une méditation. Je prends le temps d’écouter le pigment se réduire et c’est d’ailleurs avec le son que je sais lorsque mon aquarelle est prête.
*Traditionnellement, les préparateurs utilisaient une plaque en pierre de Porphyre pour moudre leurs ingrédients. Le nom est resté mais ma plaque est en verre, plus facile à déplacer et à laver.
Récupération et stockage
Une fois le broyage terminé, on récupère la peinture à l’aide d’un couteau de peintre et on la dépose dans son contenant : coquillage propre, cupule de gland ou coquille de noix ou si vous voulez rester classique : un demi-godet en plastique vide que vous pouvez acheter en magasin spécialisé. Selon votre formule, il faudra laisser plus ou moins longtemps sécher votre future peinture, et empiler plus ou moins de couches avant de remplir votre récipient. (La peinture se rétracte en séchant).
Une fois sèche, vous n’avez plus qu’à peindre avec VOS couleurs. N’est-ce pas incroyable et absolument satisfaisant ? 😉 N’hésitez pas à me dire si vous vous lancez dans vos propres fabrications, et sinon… ma boutique est ouverte !